Adoption fulgurante de l’IA par la génération Z

La génération Z française vient de franchir un cap historique : à peine entrée dans la vie active, elle s’est déjà approprié les outils d’intelligence artificielle générative. Près de neuf jeunes sur dix déclarent les avoir testés au moins une fois, là où moins d’un Français sur deux tous âges confondus peut en dire autant ; l’écart générationnel est sans appel et propulse les 16-25 ans au rang de « premiers natifs » de l’IA dans l’Hexagone . Cette adoption n’est pas seulement symbolique : 73 % des moins de 25 ans se connectent à ChatGPT ou à ses cousins au moins une fois par semaine, et un quart le font quasi quotidiennement, preuve d’une intégration profonde dans leur routine numérique .

Au-delà de la fréquence, la palette d’usages témoigne d’un pragmatisme étonnant. Pour cette tranche d’âge, l’IA est avant tout un moteur d’apprentissage : 88 % y recourent pour rechercher de l’information ou assimiler de nouvelles notions ; trois quarts l’emploient pour rédiger e-mails, CV ou lettres de motivation ; autant l’activent par simple curiosité ou pour s’amuser. Viennent ensuite l’aide aux devoirs, le soutien psychologique, la création multimédia, puis des usages plus techniques tels que la programmation (33 %) ou la conception de sites et d’applications (31 %). On observe un léger biais de genre : 40 % des hommes déclarent coder avec l’IA, contre 24 % des femmes .

Cette omniprésence se double d’une perception d’utilité très solide : 82 % des jeunes jugent ces outils utiles dans leur quotidien, et l’intensité d’usage amplifie le phénomène — parmi ceux qui ouvrent l’IA chaque jour, 79 % la trouvent « très utile » . Autrement dit, plus l’outil devient familier, plus il est perçu comme indispensable : un cercle vertueux qui nourrit l’adhésion et accélère la courbe d’apprentissage au fil des semaines.

Pourtant, l’optimisme n’est pas total. Interrogés sur l’arrivée de l’IA dans le monde du travail, 53 % voient surtout des perspectives de nouveaux métiers tandis que 47 % redoutent la disparition de certains emplois . Le regard sociétal reste partagé : 60 % prévoient un impact positif de l’IA sur la société, mais 40 % anticipent plutôt des effets délétères . Cette tension se traduit par une posture de « realistic opportunism » : la génération Z ne minimise pas les risques, mais choisit malgré tout de se positionner du côté des gagnants potentiels.

Cette stratégie apparaît clairement dans l’attractivité des carrières liées à l’IA : 70 % des 16-25 ans estiment ces postes séduisants pour leur avenir professionnel et 52 % s’imaginent déjà y travailler un jour . Un tiers connaît même précisément les intitulés et missions de ces nouveaux métiers, signe que la réflexion ne se limite pas à un engouement médiatique . À l’intérieur du champ, les intérêts se répartissent entre infrastructures techniques (32 %), data science (25 %), intégration métier (23 %) et réflexion éthique ou réglementaire (19 %), illustrant l’émergence d’une culture hybride qui mêle compétences « hard » et sens critique .

La formation incarne dès lors un enjeu central. Plus d’un jeune sur deux sait qu’il existe déjà des écoles spécialisées en IA et, surtout, 68 % seraient prêts à se former : soit via un cursus court pour maîtriser l’IA comme outil de travail, soit en intégrant un programme approfondi pour devenir expert . Le moteur principal reste l’acquisition de compétences jugées clés pour l’avenir (66 %), suivie de la recherche d’un avantage concurrentiel sur le marché du travail (52 %) et d’une curiosité personnelle (50 %) . Du côté des freins, les risques éthiques arrivent en tête (43 %), devant le coût, la durée ou l’incertitude sur les débouchés .

La dimension morale n’est d’ailleurs pas négociable : 85 % des répondants exigent que toute formation à l’IA comporte un volet éthique et sociétal, preuve d’une sensibilité aiguë aux enjeux de biais, de transparence et de responsabilité . Autrement dit, pour convaincre cette génération, les écoles et organismes devront articuler excellence technique et cadre de valeurs, sous peine de susciter méfiance ou désengagement.

Au bout du compte, un nouveau contrat se dessine : l’IA n’est plus perçue comme une simple tendance, mais comme un levier incontournable d’employabilité. Les jeunes font le pari que la maîtrise de ces technologies leur offrira une longueur d’avance, à condition de ne pas sacrifier l’éthique sur l’autel de la performance. Pour les acteurs de la formation et de l’innovation, l’enjeu est clair : proposer des parcours flexibles, accessibles financièrement et solidement arrimés aux questions de gouvernance algorithmique. Saisir cette opportunité, c’est accompagner une génération déjà convaincue que son futur se jouera — et se construira — avec l’intelligence artificielle.